Changement de genre et changement de nom
Opter pour un changement de nom ou de sexe constitue une étape majeure dans la vie d'une personne, reflétant souvent une quête d'identité ou la nécessité d'aligner sa réalité personnelle avec sa reconnaissance sociale et légale. En France, ces processus de transformation personnelle sont encadrés par des cadres juridiques bien définis, visant à respecter l'intégrité et les droits individuels tout en assurant la cohérence des registres d'état civil.
- Changement de sexe
Le processus de changement de sexe en France a été considérablement simplifié et humanisé grâce à la loi du 18 novembre 2016 de modernisation de la justice du XXIème siècle. Cette loi a établi des conditions plus accessibles et respectueuses pour les personnes souhaitant faire modifier la mention de leur sexe dans les actes d'état civil.
- Les conditions
Selon l'article 61-5 du Code civil, la condition principale pour changer de sexe est que la mention du sexe dans les actes d'état civil doit correspondre au sexe dans lequel la personne se présente et est connue dans la société. Cela signifie que la personne doit démontrer que le sexe inscrit sur ses documents officiels ne reflète pas son identité de genre telle qu'elle est vécue et perçue socialement.
Pour apporter la preuve de cette non-correspondance, la loi permet à la personne transsexuelle d'utiliser tous les moyens jugés pertinents. Cela offre une grande flexibilité dans la manière de prouver cette réalité.
Les moyens de preuve peuvent inclure, mais ne sont pas limités à :
- Témoignages : Des déclarations de la famille, des amis ou d'autres personnes proches peuvent être utilisées pour attester de l'identité de genre de la personne dans son environnement social.
- Photographies : Des images montrant la personne dans son identité de genre peuvent servir de preuve visuelle.
- Attestations médicales : Bien que la loi n'exige plus de traitement médical ou de chirurgie de réassignation sexuelle, des attestations médicales peuvent être présentées pour appuyer la demande.
- Preuves de la possession d'état : Cela peut inclure des documents ou des situations démontrant que la personne vit et est acceptée dans son identité de genre dans la vie quotidienne.
Il est également à noter que pour changer de sexe vous devez être majeur ou mineur émancipé.
- La procédure
La demande de changement de sexe doit être formulée par une requête. Il s'agit d'un document écrit qui permet de saisir un tribunal. Cette requête doit être adressée au Tribunal Judiciaire de votre lieu de résidence ou de votre lieu de naissance si vous êtes né en France, au tribunal de Nantes si vous êtes français né à l'étranger et au tribunal de Paris si vous êtes réfugié, apatride ou bénéficiaire de la protection subsidiaire. Votre requête doit clairement indiquer si vous souhaitez changer un ou plusieurs de vos prénoms et/ou votre nom de famille. Vous devez également joindre à votre requête tous les éléments de preuve nécessaires pour étayer votre demande. Ces preuves peuvent inclure, selon le cas, des attestations, des témoignages, des documents médicaux, etc.
- Déroulement de la procédure judiciaire
Si les pièces justifiant votre demande sont jugées suffisantes et convaincantes, le Juge peut rendre sa décision directement, sans nécessiter la tenue d'une audience. Cela signifie que le juge peut statuer sur votre demande en se basant uniquement sur les documents fournis. Dans certains cas, une audience peut être fixée pour mieux comprendre ou évaluer la demande. L'audience se déroule en chambre de conseil. Cela signifie qu'elle n'est pas ouverte au public. L'objectif est de préserver la confidentialité et l'intimité de la procédure.
- Le rôle de l’avocat
Bien qu'engager un avocat ne soit pas obligatoire pour cette procédure, il est fortement recommandé d'envisager cette option. En effet, un avocat en droit de la famille possède une connaissance approfondie des lois et des procédures pertinentes. Il peut vous aider à comprendre vos droits et à préparer votre dossier de manière optimale. En outre, la rédaction d'une requête pour un changement de sexe est un processus complexe qui nécessite de respecter certaines formalités juridiques. Un avocat peut s'assurer que votre requête est complète, bien structurée et qu'elle présente votre cas de manière convaincante. Il peut aussi vous conseiller sur les pièces justificatives à fournir et s'assurer qu'elles sont pertinentes et suffisantes pour étayer votre demande.
Si une audience est nécessaire, avoir un avocat à vos côtés peut être un atout majeur. Il peut plaider en votre faveur, répondre aux questions juridiques et vous aider à communiquer efficacement avec le juge. Il peut anticiper les éventuelles difficultés ou objections qui pourraient survenir et préparer des stratégies pour y répondre efficacement.
- Changement de nom
En France, le changement de nom de famille est possible mais reste une démarche exceptionnelle, encadrée par la loi du 6 Fructidor de l’an II qui établit le principe d’immutabilité du nom. Le nom à porter est celui inscrit sur l'acte de naissance. Cette procédure de changement de nom est rigoureusement encadrée pour préserver l'ordre public et l'identité personnelle, tout en permettant aux individus de modifier leur nom pour des raisons légitimes et justifiées.
Cependant, la loi n° 2022-301 du 2 mars 2022 relative au choix du nom issu de la filiation est venue modifier l’article 61-3-1 du Code Civil et permet désormais de demander à l’officier de l’état civil de son lieu de résidence, ou dépositaire de son acte de naissance, son changement de nom afin de porter le nom de famille du parent qui ne lui a pas été transmis.
- La procédure de changement de nom simplifiée
La procédure simplifiée de changement de nom permet à une personne majeure de porter le nom du parent qui n'a pas transmis le sien :
- Soit en ajoutant le nom de ce parent à votre nom de famille actuel, dans l'ordre que vous souhaitez,
- Soit en remplaçant votre nom de famille actuel par le nom de ce parent.
Le choix de l'intéressé est circonscrit aux noms de la parentèle, c'est-à-dire aux noms qui figurent sur son acte de naissance au titre de la filiation. Cette procédure est strictement réservée aux personnes majeures et ne peut être faite qu’une seule fois dans sa vie.
La demande de changement de nom simplifiée doit se faire par courrier ou par remise en main propre à l’officier d’état civil de la commune de naissance, ou de la commune de résidence, sous réserve de la présentation d’un justificatif de domicile.
Le demandeur doit également présenter un document officiel d’identité et son acte de naissance, afin que l’officier d’état civil puisse vérifier que le nouveau nom demandé correspond bien à celui de sa parentèle.
L’officier de l’état civil n’a pas à contrôler le caractère légitime du motif de la demande. Si toutes les conditions requises ne sont pas remplies, l’officier d’état civil devra saisir le procureur de la République qui peut s’opposer à la demande. Un mois après le dépôt de la demande, l’intéressé doit confirmer sa volonté de modifier son nom.
Le recours à la procédure simplifiée ne fait pas obstacle, ultérieurement, à un changement de nom par décret et inversement.
- La procédure de changement de nom pour motif légitime
- Motifs légitimes pour un changement de nom
Toute personne majeure peut demander à changer son nom de famille. La demande pour un mineur doit être faite par les parents ou les tuteurs légaux. Si l'enfant a plus de 13 ans, son consentement est nécessaire. Une demande de changement de nom peut être envisagée dans les cas suivants :
Si le nom est source de difficulté en raison de sa consonance ridicule ou péjorative.
Si le nom a une consonance étrangère.
Si le nom est très connu au niveau national et associé à une mauvaise réputation.
Le changement peut également être demandé pour des raisons liées à l'histoire personnelle ou familiale, comme un nom adopté suite à un usage constant ou un nom familial risquant de disparaître.
- La procédure de changement de nom
La procédure de changement de nom passe par 3 étapes clés :
- Publication de la demande dans le Journal Officiel : La demande de publication d'une demande de changement de nom au Journal officiel (JO) en France peut se faire en ligne. Il est également possible d'envoyer la demande par mail ou par courrier
- Publication de la demande dans un Shal : La publication doit être faite dans un journal habilité à recevoir des annonces légales situé dans le département de résidence du demandeur. L'annonce doit inclure : l'état civil actuel du demandeur, l'état civil des enfants mineurs concernés par le changement de nom et les noms de substitution proposés. Pour les demandeurs résidant hors de France, la publication dans un journal d’annonces légales n’est pas nécessaire.
- Demande au Ministère de la Justice : Après la publication, une demande motivée, rédigée et signée par le demandeur, doit être envoyée au ministre de la Justice. Cette demande doit inclure tous les documents justificatifs.
Si la demande est acceptée, un décret signé par le Premier ministre et le garde des Sceaux est publié au JO. Le demandeur reçoit ensuite un exemplaire de ce document, et la modification est appliquée aux documents d'état civil. Si la demande est rejetée, le demandeur peut faire un recours gracieux en apportant de nouveaux éléments ou contester la décision devant le Tribunal administratif de Paris dans les deux mois suivant la notification.
- Rôle de l’avocat
Dans le cadre de la procédure de changement de nom de famille en France, bien que l'intervention d'un avocat ne soit pas une exigence légale, son rôle peut s'avérer crucial dans certaines situations. Il peut offrir une expertise précieuse, notamment dans l'interprétation des lois et des réglementations en vigueur. Cette expertise est particulièrement pertinente dans des cas où les motifs du changement de nom sont inhabituels ou lorsque le dossier du demandeur comporte des aspects atypiques ou litigieux.
De plus, l'avocat peut jouer un rôle déterminant dans la préparation et la structuration de la requête. Il peut aider à formuler clairement les motifs du changement de nom, en s'assurant que ces motifs sont présentés de manière convaincante et conforme aux critères légaux. L'avocat peut également guider le demandeur dans la collecte et la présentation des pièces justificatives nécessaires, en veillant à ce que le dossier soit complet.
En outre, en cas de rejet initial de la demande, l'avocat peut conseiller le demandeur sur les voies de recours possibles, y compris la formulation d'un recours gracieux ou la préparation d'une contestation devant le Tribunal administratif. Cette assistance peut s'avérer cruciale pour surmonter les obstacles juridiques et administratifs qui peuvent survenir.
Enfin, l'avocat peut offrir un soutien moral et émotionnel, en accompagnant le demandeur tout au long d'un processus qui peut être personnellement significatif et parfois émotionnellement chargé.